dimanche 31 août 2008

Délire nocturne



Un orage digne de ce nom éclata cette chaude nuit d’août. Grondements célestes, éclairs fulgurants et pluies diluviennes me sortirent de mon sommeil, certes léger, à deux heures tapantes. Un tantinet déboussolée par cette colère divine, il me vint à l’esprit quelques propos du Cid que je m’amusai aussitôt à parodier de façon éhontée, j’en conviens.

Ô…rage ! Ô arrosoir ! Ô tonnerre ennemi !
N’ai-je donc tant vécu que pour cette insomnie ?

Épuisée par tant de créativité, je laissai Morphée m’enlever dans ses bras puissants… pour me réveiller un peu plus tard avec les vers cornéliens résonnant dans ma tête embrumée…

lundi 18 août 2008

La ville qui ne dort jamais


L’avion fait des ronds au-dessus de JFK Airport, il tourne en attendant que les foudres de Zeus se calment. La ronde dure une heure, une éternité pour les passagers du Boeing 777, en provenance de Paris, qui ont hâte de fouler le sol américain. Enfin, le pilote obtient l’autorisation de se poser. Mais les voyageurs ne sont pas au bout de leurs peines. Un trajet en shuttle les conduit enfin au centre de Manhattan et là, c’est le choc ! La verticalité, la majesté des gratte-ciel et le vertige qui les saisit soudain tranchent net avec les cercles dessinés par le long-courrier précédemment. Élancés ou trapus, rectangulaires ou ronds, en dominos ou en pyramides, avec ou sans clocheton, campanile, bas-relief ou encore caryatide, faits de brique, de granit, de verre, de toutes les tailles et de tous les styles, ces monstres démesurés donnent la sensation aux pauvres humains que nous sommes d’être devenus lilliputiens !


La Grosse Pomme ne laisse pas indifférent. Les touristes qui aiment y musarder reconnaissent bon nombre d’images et de sons rendus familiers par le septième art : façades zébrées par les escaliers de secours, citernes d’incendie perchées sur les toits, fenêtres à guillotine, petits immeubles colorés, somptueux hôtels particuliers de la cinquième avenue, boutiques innombrables bourrées de marchandises, nuages de vapeur montant des plaques d’égout, poubelles dégorgeant leurs immondices parfois éventrées, foule fébrile et bigarrée des piétons se hâtant à toute heure vers les ascenseurs ou les devantures, bouches de métro exhalant des bouffées de chaleur quasi insupportables, trafic démentiel, concert des sirènes des voitures de police, ballet incessant des taxis facilement reconnaissables à leur couleur jaune, …

Les promeneurs fureteurs ne sont pas déçus : le cœur de New York, Manhattan, est tout cela. La démesure, l’extravagance, le rythme trépidant, le bruit permanent ne font pas du centre new-yorkais un havre de paix. Qui sirote un verre en terrasse en espérant savourer quelques minutes de tranquillité est bientôt bousculé par des cols blancs engagés dans une course contre la montre effrénée, par des goldens boys à l’air fort sérieux et au front plissé ou par des badauds, qui, le nez en l’air, déambulent nonchalamment en s’extasiant devant les buildings.

Heureusement que le gigantesque poumon vert de la ville, Central Park, cet océan de verdure – parler d’un îlot serait une hérésie – est là pour procurer aux flâneurs, aux férus de jogging ou de vélo, voire aux businessmen pique-niquant en cravate, un cessez-le-feu salutaire dans cette cité en ébullition ! Avec leur air goguenard, les habitués du coin, c’est-à-dire les écureuils, complètent le tableau en lui conférant une touche pittoresque…

« La ville qui ne dort jamais », évoquée par tant d’artistes, filmée, chantée, peinte ou racontée, cette ville, adulée ou mutilée, cette ville dont le voyageur croit déjà tout connaître avant même d’y avoir posé un orteil, cette ville continue de surprendre, de déranger et de charmer ses visiteurs. Moi, elle m’a séduite, définitivement.

mardi 12 août 2008

Too much

Gigantisme, démesure, excès en tous genres : le pays du dollar n’en finira jamais d’étonner, de déconcerter et d’amuser la touriste que je suis, habituée à plus de mesure et, somme toute, de modestie. Pas de choc de cultures, pas d’expériences réellement nouvelles mais une amplification, une exagération de réalités et de faits déjà connus. Bref, me voici plongée dans un univers particulièrement hyperbolique !

Des gratte-ciel chatouillant les nuages
L’être humain est ramené à sa condition lilliputienne lorsqu’il se trouve, le nez en l’air, au pied des gigantesques gratte-ciel de Manhattan ou qu’il se perd dans les plaines désertiques de l’Arizona ou du Nevada, terres qui s’étendent à perte de vue seulement entaillées par de longues lignes droites interminables…

En Californie
Des séquoias très hauts, très larges, très vieux et très majestueux trônent dans les parcs naturels…

Des moyens de locomotion peu discrets
Des pick-up hauts sur roues et gloutons en carburant envahissent les rues, des limousines noires ou blanches, souvent élancées et racées, qui parfois s’encanaillent avec un look plus décontracté, plus « pick-up », se baladent dans les beaux quartiers…

Beau comme un camion
Les automobilistes se font quelquefois doubler par de magnifiques camions rutilants aux cabines mises en valeur par des couleurs vives, rouges, bleues, vertes, marron, blanches immaculées ou encore bicolores …

Le rail
Des dizaines et des dizaines de wagons de marchandises, de wagons-citernes, tractés par trois ou quatre locomotives, traversent les plaines arides…

Des bateaux dans le désert
Des villes à peine centenaires, construites au milieu de nulle part, dans des contrées particulièrement hostiles, offrent des températures estivales supérieures à 45° et développent aujourd’hui un commerce de bateaux de plaisance pour des vacanciers américains désireux d’activités nautiques à tout prix…

Éole au pays du dollar
Aux abords du Saint-Tropez de la Californie, Palm Springs, refuge de stars en mal de tranquillité, s’activent des centaines d’éoliennes en un curieux ballet qui donne le tournis au badaud déconcerté…

Côté « food » et « beverage »
Je savais les Américains rois des cookies et des sodas, mais j’ignorais qu’un seul cookie pouvait rassasier deux ou trois gamins au goûter et que j’aurais autant de mal à finir un café insipide servi dans un gobelet en carton dit « small »…

Côté silhouette
Inutile d’épiloguer sur le tour de taille de certains et certaines…

Les Américains auraient-ils la folie des grandeurs ? Je ne me prononcerai pas, je me contenterai d’observer. La démesure peut être horripilante mais quand elle est le fruit de la nature elle-même, quand elle est son œuvre, elle devient alors fascinante et sait se faire apprécier à sa juste valeur…