lundi 16 juin 2008

Pianissimo

Comme un chapelet qu’on égrène, des notes de musique s’échappent de la maison d’à côté. Légères, divines et délicates, elles percent le silence de la nuit et apportent quelques touches de fraîcheur à cette chaude soirée d’été. Tout doucement, elles caressent mon oreille et me susurrent des mots tendres et mystérieux. Je les laisse venir à moi et les bois sans soif. Une sensation de bien-être m’enveloppe voluptueusement et, tel un nouveau-né, je me laisse bercer par cette sérénade fortuite.
Le musicien joue pianissimo, en effleurant le clavier. J’imagine ses mains courant sur les touches, sans jamais s’y poser vraiment, comme si elles craignaient de s’y brûler. La mélodie flotte, ondoie, s’évapore…
Non loin de moi murmure un ruisseau. Le souffle tiède d’une brise fait frémir les arbustes odorants et ajoute au délice de cette soirée. Les yeux mi-clos, je suis attentive au moindre bruissement, au moindre soupir, au moindre silence. Un accord qu’on plaque, un rire qui soudain fuse et irradie la nuit, un instant de silence fugace et, de nouveau, le piano se réveille en laissant échapper une mélodie suave et veloutée…
Les yeux fermés, je distingue une porte cochère, une cour pavée et, dans un recoin, une toute petite fenêtre aux vitres pas très nettes… des cheveux bruns et bouclés, un dos bien droit, des doigts fins et agiles domptant le clavier… J’ai oublié son visage. Seule danse devant mes yeux l’image floue de ce jeune virtuose qui s’entraîne des heures durant sur un piano noir. Il ne se doute pas qu’une gamine l’observe en douce, il ne se préoccupe ni du temps, ni des autres… Il joue inlassablement, pour atteindre la perfection sans doute… Et moi, je suis sous le charme, admirative devant autant de dextérité, de ténacité et de grâce. Car il a cette grâce, ce don qui le rend si différent des autres apprentis pianistes si appliqués et si laborieux… comme moi…
Le piano s’est tu dans la maison d’à côté. J’ouvre les yeux, je suis toujours assise près du ruisseau qui chante désormais tout seul. Mon souvenir s’est envolé, mon enfance aussi…

lundi 9 juin 2008

Philoroscope

Lu ce lundi matin :

« Vous êtes confronté à vous-même, à ce que vous êtes ou à ce que vous voudriez être et que vous n’êtes pas. »

What else ?

mardi 3 juin 2008

Il est des jours


Il est des jours plus lourds qu’un mois de novembre, des jours en noir et blanc, sans saveur, où les soucis pèsent une tonne, où les méninges se fatiguent au point de s’enliser dans un magma informe d’idées noires, où la moindre vétille prend des proportions cyclopéennes, où l’on se dit qu’on gagnerait à ne rien faire du tout…

Il est des jours qui succèdent à des nuits sans sommeil, des nuits qui s’étirent interminablement, où le silence devient si épais qu’on cesse presque de respirer par peur de le rompre…

Il est des matins où l’on plaquerait bien tout, veau, vache, cochon, couvée ! Pour un peu, on le suivrait, ce cerf-volant si léger, chahuté par les vents...

Las ! le dégoût est si lourd qu’on reste rivé au sol, englué dans son quotidien, enlisé dans ses habitudes, dans cette routine infernale, enferré dans son propre piège…

Il est des lendemains sans doute plus cléments…