mercredi 28 octobre 2009

Gourmandise

Lors d’un bel après-midi d’automne, au sein d’un parc d’attractions fort agréable situé en pleine campagne, me voici attablée, dégustant un café crème, perdue dans mes rêveries. C’est le moment de la pause pour petits et grands. D’aucuns sirotent, d’aucuns grignotent…
En face de moi, un jeune couple, vingt ans tout au plus, prend place avec deux garçons de 14/15 ans, petits frères de la jeune fille. Le jeune tourtereau, avec ses chaussures blanches impeccables, contemple son amie, une jolie fille callipyge, aux formes plantureuses, avec tendresse et appétit. Il la regarde se régaler d’un chocolat chaud – elle n’a besoin de rien d’autre – et observe les deux adolescents, qui eux aussi avalent leur chocolat, pressés de retourner s’amuser dans le parc.
Je suis étonnée du sérieux du jeune couple, de sa façon de se comporter avec les deux plus jeunes, alliant pondération, gentillesse et fermeté. Leur attitude semble en décalage avec leur âge et je me dis que finalement, cette scène est à la fois réconfortante et insolite, en opposition radicale avec la grossièreté de propos entendus de-ci de-là.
Les deux adolescents quittent le couple après un « merci » qui là encore peut surprendre. Le jeune homme chuchote à l’oreille de sa belle et, après un baiser furtif, se rend au comptoir. Il en revient quelques minutes plus tard avec deux crêpes au chocolat, qui bientôt ne sont plus qu’un souvenir.
« La jeunesse est gourmande », me dis-je, amusée d’autant de voracité. Je repars dans mes pensées, regardant autour de moi les enfants se bousculer et crier à l’envi. Une voix dans mon dos soudain m’interpelle. Cette voix, après un « combien je vous dois ? » s’éloigne pour retourner s’asseoir près de son âme sœur. Et là, surprise ! La demoiselle, qui tout à l’heure déclarait ne pas avoir faim, et son galant amoureux se jettent goulûment sur une énorme barquette de frites, copieusement arrosées de mayonnaise. Je ne peux réprimer un haut-le-cœur. Pourquoi tant de gloutonnerie ? Que leur arrive-t-il à ces deux là, eux si rangés, si réfléchis avant le départ des deux petits frères ? Que cache cette gloutonnerie soudaine ? Rien, sans doute. Je dois me faire des idées, j’échafaude sans nul doute d’improbables hypothèses…
Le couple se lève, jette consciencieusement ses déchets dans la poubelle prévue à cet effet et s’éloigne doucement.
Je les retrouverai un peu plus tard, lui, assis à même le sol en train d’admirer son amie, elle s’essayant à un exercice périlleux, réservé d’ordinaire aux jeunes enfants, avec une souplesse surprenante.
La gourmandise donne des ailes…

jeudi 8 octobre 2009

Hallucinations


« Expression ovale », « savate composée », « cachot d’aspirine »…, j’hallucine vraiment !
Depuis l’aube, je prends un mot pour un autre… et j’en suis tout juste étonnée.
Mes yeux voient ce qu’ils ont envie de voir, sans me consulter… et j’en suis contrariée.
Alors je m’enferme à nouveau dans une espèce de brouillard cafardeux, la tête lourde, lourde… comme coincée dans un casque trop petit… Tic tac, tic tac… mon sang tambourine contre mes tempes, en cadence… J’entre dans la danse, fébrile… je ne suis plus moi… céphalée, céphalée, joli mot, douces sonorités…
Céphalée, céphalée, s’il te plaît, laisse-moi m’éveiller…