vendredi 30 janvier 2009

Révolutionne !

On ronchonne, bougonne, maronne, bourdonne, tâtonne et soupçonne.
Puis, la colère sourd petit à petit, le ton monte, et on se passionne, on ordonne, coordonne, savonne, carillonne et manifestationne !
On ambitionne de déstabiliser les hautes sphères gouvernementales et les employeurs.
On ovationne ceux qui haranguent avec maestria les foules, ceux qui, ce jour-là, se couvrent de gloire et rayonnent.
Plus prosaïquement, le lendemain, on additionne dans tous les sens, on fait parler les chiffres, on bâillonne les importuns qui osent penser différemment ou tout simplement qui résistent à leur instinct grégaire.
Quoi qu’il en soit, tout cela questionne... à défaut d’apporter « oune soloutionne » !

dimanche 18 janvier 2009

Pas le temps !


Toi, l’ami !
Tu n’as pas le temps de répondre à ma lettre, à mon courriel, à mon texto.Tu n’as pas le temps de répondre à mon invitation, à ma carte de vœux. Tu n’as pas le temps de me donner de tes nouvelles, de prendre l’initiative de me passer un coup de fil.
Tu es débordé, submergé, overbooké. Au boulot, tu n’as pas le temps ; chez toi, tu n’as pas le temps. Bref, tu n’as plus de temps à consacrer à personne, y compris à toi-même. À quoi te sert-il de vivre, alors ?
Et si, pour une fois, tu cessais d’être hypocrite ? Et si, au lieu de dire « je n’ai pas le temps », tu me livrais un « je ne prends pas le temps », ou mieux encore, un « je n’ai pas envie » ?
Tu vois, je te préfèrerais honnête vis-à-vis de moi et de toi. Aie la franchise de reconnaître que tu n’as pas envie de parler, de répondre, d’établir la communication. Même si ton interlocuteur peut trouver désagréable ce genre de propos, il te sera tout compte fait très reconnaissant de t’être montré sincère.
Et puis, l’amitié se nourrit de communication, comme aimait à le penser Montaigne. Comme j’aime à le croire, moi aussi. Alors, si ton envie est de rompre ce fil qui nous reliait jusqu’à présent, ce fil qui devient de plus en plus ténu… au fil du temps…, eh bien, fais-moi signe !
Crie-le avec autant de facilité et de conviction que ton « je n’ai pas le
temps», ton « je n’ai pas envie » !
Et je te répondrai, le cœur gros comme ça, un « merci ».

samedi 10 janvier 2009

Et moi, et moi, et moi…

Ce que j’aime par-dessus tout, c’est parler de moi. C’est que vous parliez de moi. De ma grande carrière, de mon immense expérience multiforme, de l’étendue considérable de mes connaissances, de mon expertise. De mes soucis infiniment plus importants que ceux des autres. Je donne mon avis sur tout, même si je n’en ai pas. J’étale mon savoir, même s’il est bien maigre. Je juge, je critique, je remarque toujours le détail qui cloche et le souligne haut et fort. Je ne supporte pas que vous preniez la parole : ce que vous avez à dire, je ne l’écoute pas, je l’oublie aussitôt, je m’en fous ; je vous coupe sans vergogne car mes propos sont nettement plus riches que les vôtres, puisqu’ils parlent de moi. Vous n’arriverez pas à me clouer le bec : je vous mets au défi de le faire !
De toute façon, j’ai tout vu, tout entendu, tout testé. Je tue les silences parce qu’au fond j’en ai peur. Dois-je l’avouer ? Le silence m’angoisse terriblement : il me faut le combler sinon je n’existe plus. Je ne vis que dans le regard des autres. Dans votre regard. Si vous ne me regardez plus, si vous ne m’écoutez plus, je ne suis plus rien. Que l’ombre de moi-même. Que l’ombre de mon chien…
J’ai bien du mal à l’admettre, mais je suis vieux, forcément vieux. Forcément sage aussi, puisque seuls les vieux accèdent à une forme de sagesse. Je veux le respect, j’exige le vouvoiement, je veux de la sollicitude à l’égard de ma vénérable personne et je méprise qui je veux. Oui, c’est mon droit, et ce mépris me rappelle que j’existe. Je veux recevoir, même si je ne sais pas accepter. Donner est un verbe absent de mon vocabulaire. Je ne sais pas ce qu’il veut dire : me suis-je demandé un jour ce qu’il signifiait précisément ?…
Je ne crois pas être le centre du monde : je suis le centre du monde. J’ai tellement peur des autres que mon nombril est mon seul refuge. D’aucuns prétendent que je serais malheureux. Quelle ineptie ! J’aime parler de moi, un point c’est tout !
Je suis un paradoxe ambulant : je m’aime à un point que vous n’imaginez pas, je passe mon temps à faire le tour de moi et pourtant, sans vous, sans votre présence, je tourne à vide. Je suis le Narcisse des temps modernes. Je suis l’égocentrique dans toute sa splendeur, doublé du discoureur infatigable.
Je suis, je suis… fatigué… fatigué de parler, fatigué de contempler mon image … fatigué de n’être que moi… fatigué de voir que vous vous êtes endormi au son de ma voix, devenue inaudible… Je vais rentrer dans ma coquille, me replier sur moi-même… c’est ce que je fais de mieux…




vendredi 9 janvier 2009

Futur, présent et passé

Entendu ce matin, de la bouche d'un élève de cours élémentaire :
"Après avoir ouvert les portes du futur et du présent, aujourd'hui, on va ouvrir la porte du passé."
Les paroles du maître ne tombent pas dans les oreilles de sourds ! Je ne sais pas si tous apprécient l'art de la conjugaison. Mais ce qui est certain, c'est qu'avec son langage empreint de finesse et de poésie, leur "instit", comme il aime à se présenter, a une manière bien personnelle de guider les enfants sur la voie de la connaissance.
C'est à vous donner l'envie de retrouver vos huit ans et les bancs de l'école...