mercredi 2 mai 2012

Vous avez reçu un message... mais surtout n'y répondez pas !

Poster un billet sur son blog... Pour qui ? Pourquoi ? Pour d'éventuels lecteurs, pourtant abreuvés de toutes parts de messages sur leur téléphone ou leur boîte de réception électronique ? Pour des curieux qui se baladent sur le net et tombent par hasard sur votre prose ? Pour des amis qui, en fait, n'ont nul besoin de vous lire mais préfèrent vous voir ou vous entendre ? Pour soi-même, pour éloigner l'ennui, se défouler sur du papier infroissable, se lancer dans un exercice de style hasardeux en prenant un risque somme toute très calculé ?

Poster un billet pour personne et tout le monde, balancer des mots comme on jette une bouteille à la mer en espérant secrètement qu'elle sera récupérée un jour ? Le rêveur y trouve son compte, sans doute, le joueur aussi...

Mais que dire de ces courriels, de ces lettres manuscrites, écrites dans l'espoir que le correspondant sera sensible à cette attention - ah pardon ! c'est ringard aujourd'hui ! -, de ces messages qui attendent en vain un retour, une réponse, même succincte ?

"Je ne vous ai pas répondu parce que ma réponse était évidente" ; "je n'ai rien dit parce que je ne savais pas" (comme c'est dur à avouer, ça !) ; "si vous croyez que je n'ai que ça à faire, de répondre aux messages qu'on m'envoie"; "il faut t'y faire : aujourd'hui, les gens ne prennent plus le temps de répondre, c'est comme ça"...

Une fois de plus, je n'ai rien compris. Je croyais que communiquer impliquait nécessairement une réciprocité, une espèce de politesse, un échange, verbal, écrit, gestuel... Pour communiquer, il me paraissait raisonnable d'être au moins deux, un émetteur et un récepteur.  

Il semblerait que ces considérations appartiennent désormais à une autre époque, à un autre univers. J'ai beau en être attristée et agacée, je constate chaque jour qu'établir un vrai dialogue, et même un échange très court - puisqu'il faut être constructif et efficace ! - devient une gageure, un combat.  Et pour obtenir un "oui" ou un "non", il en faut de l'énergie et du courage !

Quand je décroche le téléphone, qu'une voix me harcèle plusieurs fois par semaine, pour mon bien et la protection de la planète, qu'elle m'incite à placer une éolienne sur mon toit, des panneaux photovoltaïques ou que sais-je encore, je lui réponds ! Sans doute pas ce qu'elle a envie d'entendre, pas toujours aimablement, mais je lui réponds.

Ce matin encore, la radio m'annonçait que nous assisterions ce soir à 2h30 de débat, d'échanges entre deux prétendants à la place suprême. Parviendront-ils à s'écouter, à converser avec toute l'humilité et la courtoisie que cet exercice requiert ? Entendrons-nous enfin deux personnes "communiquer" vraiment ?

Quel suspense insoutenable...