lundi 18 août 2008

La ville qui ne dort jamais


L’avion fait des ronds au-dessus de JFK Airport, il tourne en attendant que les foudres de Zeus se calment. La ronde dure une heure, une éternité pour les passagers du Boeing 777, en provenance de Paris, qui ont hâte de fouler le sol américain. Enfin, le pilote obtient l’autorisation de se poser. Mais les voyageurs ne sont pas au bout de leurs peines. Un trajet en shuttle les conduit enfin au centre de Manhattan et là, c’est le choc ! La verticalité, la majesté des gratte-ciel et le vertige qui les saisit soudain tranchent net avec les cercles dessinés par le long-courrier précédemment. Élancés ou trapus, rectangulaires ou ronds, en dominos ou en pyramides, avec ou sans clocheton, campanile, bas-relief ou encore caryatide, faits de brique, de granit, de verre, de toutes les tailles et de tous les styles, ces monstres démesurés donnent la sensation aux pauvres humains que nous sommes d’être devenus lilliputiens !


La Grosse Pomme ne laisse pas indifférent. Les touristes qui aiment y musarder reconnaissent bon nombre d’images et de sons rendus familiers par le septième art : façades zébrées par les escaliers de secours, citernes d’incendie perchées sur les toits, fenêtres à guillotine, petits immeubles colorés, somptueux hôtels particuliers de la cinquième avenue, boutiques innombrables bourrées de marchandises, nuages de vapeur montant des plaques d’égout, poubelles dégorgeant leurs immondices parfois éventrées, foule fébrile et bigarrée des piétons se hâtant à toute heure vers les ascenseurs ou les devantures, bouches de métro exhalant des bouffées de chaleur quasi insupportables, trafic démentiel, concert des sirènes des voitures de police, ballet incessant des taxis facilement reconnaissables à leur couleur jaune, …

Les promeneurs fureteurs ne sont pas déçus : le cœur de New York, Manhattan, est tout cela. La démesure, l’extravagance, le rythme trépidant, le bruit permanent ne font pas du centre new-yorkais un havre de paix. Qui sirote un verre en terrasse en espérant savourer quelques minutes de tranquillité est bientôt bousculé par des cols blancs engagés dans une course contre la montre effrénée, par des goldens boys à l’air fort sérieux et au front plissé ou par des badauds, qui, le nez en l’air, déambulent nonchalamment en s’extasiant devant les buildings.

Heureusement que le gigantesque poumon vert de la ville, Central Park, cet océan de verdure – parler d’un îlot serait une hérésie – est là pour procurer aux flâneurs, aux férus de jogging ou de vélo, voire aux businessmen pique-niquant en cravate, un cessez-le-feu salutaire dans cette cité en ébullition ! Avec leur air goguenard, les habitués du coin, c’est-à-dire les écureuils, complètent le tableau en lui conférant une touche pittoresque…

« La ville qui ne dort jamais », évoquée par tant d’artistes, filmée, chantée, peinte ou racontée, cette ville, adulée ou mutilée, cette ville dont le voyageur croit déjà tout connaître avant même d’y avoir posé un orteil, cette ville continue de surprendre, de déranger et de charmer ses visiteurs. Moi, elle m’a séduite, définitivement.

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