mercredi 27 mai 2009

Ensemble, tout simplement

Les yeux dans les étoiles, il oublie son corps fourbu et ses jambes endolories. Je lis sur son visage d’enfant l’exaltation et la fierté d’avoir tout donné, d’avoir partagé avec ses équipiers des moments d’une intensité exceptionnelle. Il a peut-être gagné, il a peut-être perdu, qu’importe ! Il est allé jusqu’au bout de son rêve, porté par l’envie de se battre, de relever le défi, de ne faire plus qu’un avec les autres. Il découvre le poids des espoirs des adultes, entraîneurs, parents, supporters inconditionnels et enthousiastes.
Le petit garçon grandit. Il apprend à encaisser et à exploser de joie. Il se frotte à la vie, il la défie, compose avec elle. Il comprend intuitivement qu’il pratique un sport avec son corps et son âme. Mais pour l’heure, il n’analyse pas : il ressent, il vibre. Il plonge dans l’instant présent avec toute la fougue de sa jeunesse.
Le petit garçon fait grandir sa mère. Grâce à lui, elle revit ces moments où, petite fille, elle se jetait dans la fosse aux lions. Elle se revoit comme si c’était hier, seule avec son piano, devant un jury forcément impitoyable et terrifiant. Sur le moment, elle ne savait plus qui elle était, ni même comment elle s’appelait. Elle savait juste qu’elle avait dix doigts, une tête et un trac indescriptible. Elle se souvient qu’après avoir « exécuté » son morceau – une exécution est toujours terrible ! – elle n’était plus qu’une « chose », vidée de toute son énergie. Ce qui lui pesait le plus, finalement, c’était cette solitude face à ces censeurs, pourtant souvent justes. Elle ne partageait sa victoire ou sa défaite qu’avec elle-même, cette « chose » qu’elle était devenue. Le réconfort et la force de l’équipe, elle n’avait même pas l’idée de ce que ça pouvait être.
Jouer en équipe n’exclut évidemment pas l’effort individuel. La personnalité de chacun doit pouvoir s’y construire à la fois seule et en concomitance avec celle des autres. Mais quand les membres d’une équipe ont un objectif commun, celui de courir après le même ballon, avec le même désir d’aller le plus loin et le plus haut possible, avec la même envie de gagner, il me semble qu’alors la victoire partagée a une saveur particulière.
Mon garçon y a goûté, avec ses amis. Ces mômes sont heureux. Et ce bonheur pétillant dans leurs yeux, c’est bien là l’important.

jeudi 7 mai 2009

Plus dure sera la chute

Il était beau à tomber par terre. Dès le premier regard, elle sut que c’était lui et tomba en pâmoison. Comment ne pas tomber amoureuse d’un être aussi irrésistible ? « Bonté divine », se dit-elle, « cela tombe sous le sens : il me le faut ! »
Le beau gosse n’était pas farouche. Lorsqu’en princesse moderne, elle lui demanda s’il acceptait de faire un bout de chemin avec elle, il tomba aussitôt d’accord. Cette dulcinée tombée du ciel était, ma foi, fort ravissante.
Ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre et la belle ne tarda pas à tomber enceinte. Las ! le jour où elle découvrit qu’un petit intrus avait élu domicile dans son doux ventre, elle tomba en syncope. Car elle n’avait pas envisagé cette éventualité. Comment elle, qui n’était pas tombée de la dernière pluie, s’était-elle laisser piéger comme sa mère, vingt ans auparavant ? Elle finit par se résigner, accepta l’idée d’être mère et convainquit son prince charmant de l’accompagner dans cette nouvelle aventure.
Les années passèrent, la famille s’agrandit, la routine s’installa. Ah ! où était-il, le temps des possibles ? Leurs projets ambitieux tombaient à l’eau, leur moral dans les chaussettes. La belle se lassait de son prince, qui lui-même se lassait de sa belle. Leur histoire aurait pu tourner court si un événement tout aussi imprévisible qu’inespéré n’était tombé à pic : un joli magot, hérité d’un vieil oncle dont ils n’avaient jamais entendu parler, tomba dans leur escarcelle. Riches désormais d’espèces sonnantes et trébuchantes et d’espoir retrouvé, ils laissèrent tomber veau, vache, cochon et couvée pour s’en aller découvrir de lointaines contrées.
La morale de cette histoire ? Il n’y en a pas. La chute ? On s’en fiche... et je tombe de sommeil… Alors, sur ces mots, je vous laisse, sans vergogne, tomber !

mercredi 6 mai 2009

Le grincement de dents du jour !

Je pose une question et on me répond : « écoutez ».
Je passe un coup de fil et on me dit : « ne quittez pas ».
Évidemment que j’écoute ! Évidemment que je ne quitte pas puisque j’attends une réponse !
Je l’admets bien volontiers : même si je trouve ces pratiques verbales vraiment agaçantes, je sais qu’il y a plus grave dans la vie.
Mais ça va mieux en le disant !