vendredi 5 décembre 2008

Faites ce que je dis mais pas ce que je fais



Faites ce que je dis mais pas ce que je fais. En tout cas, pas ce que j’ai très envie de faire : me laisser aller à la procrastination (quel vilain mot !)… Remettre à plus tard tout ce qui m’enquiquine, là, maintenant. Car enfin, il faut bien l’admettre, être dans le devoir, l’obligation, le raisonnable, quelle plaie tout de même !
J’ai envie de faire ce qui me plaît. J’ai envie de faire d’abord des choses qui me font plaisir et ensuite de me réserver les corvées pour demain. Quoi de plus humain que de vouloir se faire plaisir, me direz-vous ?
« Pour gérer efficacement votre temps, ne remettez pas à demain ce que vous pouvez faire aujourd’hui et surtout, surtout, commencez par les corvées, les tâches les plus pénibles ! Faites-vous violence ! Vous éviterez le stress, vous aurez la tête libre pour vous consacrer à autre chose de plus passionnant. » Ça, c’est ce qu’on raconte à quelqu’un qui veut des conseils pour gérer son temps. Ce propos-là, aujourd’hui, il me hérisse le poil. Je m’en fiche de savoir s’il avait raison ou non, Laborit. Ce que je constate, c’est qu’à force d’appliquer ce type de consigne, et pour peu qu’on soit un peu trop scrupuleux, ce qui nous fait vraiment plaisir nous passe sous le nez. Les jours défilent, les semaines se succèdent inéluctablement et on arrive en décembre. Et là, on fait le bilan. Et là, on se rappelle tout ce qu’on s’était promis de réaliser cette année. Et on commence à trembler, à sentir la sueur perler dans le bas du dos. Parce qu’on en a fait, des choses. Ça oui ! On a travaillé, on a rendu service, on n’a pas compté son temps. D’aucuns diront qu’on est payé pour cela. Soit ! On a donné satisfaction, - du moins, on l’espère. C’est ce qui se dit. On a consacré beaucoup de temps à fournir un travail soigné, parce qu’on avait envie de le faire, parce que c’est une façon d’être reconnu et par conséquent d’exister. Mais quid du plaisir ? Du divertissement, au sens pascalien ? Mais quid de cette liberté, de cette faculté de décider de la façon dont on veut user de son temps, de jouer de son temps ? N’est-ce qu’un luxe ? un fantasme ? une utopie ? Je connais la réponse. Je sais ce qui est raisonnable et ce qui ne l’est pas. Je sais ce que la société veut de moi, je sais ce que les autres attendent de moi. Je sais aussi ce que moi je veux. Et j’observe un décalage, qui petit à petit m’empoisonne. Je me sens souvent écartelée entre deux pôles. Alors, je fais un choix, car je l’ai, ce choix. Je décide, j’agis… puis je m’en veux ! J’ai de la peine à renoncer à des envies, somme toute sages, pour consacrer mon énergie à ce qui certes me fait manger, mais me grignote aussi allègrement ! Le temps, ce n’est pas de l’argent. Car ce temps que je perds, contrairement à l’argent, personne ne pourra le récupérer. Ni moi ni personne d’autre.
Le temps file. Mes désirs aussi. Je n’ai pas envie de me réveiller vieille, bourrelée de remords. Je veux faire le contraire de ce que je préconise. Sans états d’âme.
Nous sommes vendredi soir, j’ai pris le temps de me poser, de rédiger ce petit texte. Je vais le publier puis aller lire. Tranquillement. Sereinement. En savourant chaque phrase, en les relisant plusieurs fois s’il le faut, juste pour le plaisir… Pour tuer le temps…

2 commentaires:

Phèdrienne a dit…

Ciel ! Un vent libertiare flotte sur laurence, que j'ai connue apparemment si sage , je dis bine apparemment!!!
Que j'aime lire ca !!
Amities
Colette

Anonyme a dit…

Méfions-nous de l'eau qui dort...

Amitiés

Laurence