mercredi 23 avril 2008

Les vilains chômeurs

Décidément, madame ANPE, vous ne changerez jamais ! Il fut un temps où nous nous côtoyâmes assidûment. Un temps pas si lointain, si je ne m’abuse… Un temps que les moins de vingt ans peuvent déjà connaître… Vous m’accueillîtes alors dans vos locaux si chaleureux et nous eûmes des conversations souvent exaltantes sur la précarité de l’emploi, les difficultés des entreprises, celles des salariés si chanceux ou encore celles des euphémiques «demandeurs d’emploi». Maintes fois, nous devisâmes gaiement entre amies, le sourire aux lèvres, les soucis en bandoulière. Nous évoquâmes même la possibilité d’une collaboration car vous m’auriez bien vue animer des ateliers… de recherche d’emploi ! Je dois bien l’avouer, vous aviez un solide sens de l’humour que je m’évertuais, ingrate que j’étais, à ne pas toujours partager. Nos relations furent donc courtoises et nos échanges fructueux mais ma situation de chômeuse resta longtemps pour vous un sujet embarrassant. Vous n’aviez vraiment rien à m’offrir et durant les longs mois que nous nous fréquentâmes, vous ne me fîtes aucune proposition. Oui, je maintiens, aucune ! Pas une seule «OVE» ! Vos offres n’étaient-elles pas «valables» naguère ? Trembliez-vous que je ne les trouvasse pas recevables ? Toujours est-il que vous ne jouâtes pas votre rôle vis-à-vis de moi et que je dus mener mes recherches toute seule.
Voyez-vous, madame ANPE, quand j’entends aujourd’hui que les vilains chômeurs qui oseront refuser vos offres si généreuses seront réprimandés, je ne peux m’empêcher d’ironiser. Pour ma part, j’eusse aimé me trouver devant cette alternative, accepter ou repousser vos offres. Mais vous ne m’en laissâtes pas le loisir.
Quant aux mesures punitives qui seront mises en place, il ne m’appartient pas d’en discuter le bien-fondé. Toutefois, j’ai une anecdote à vous conter. Je répondis, en février dernier, à une annonce parue sur votre site internet : un organisme de formation recherchait un professeur de français pour un mois. Vous souhaitiez une télécandidature. Soit ! votre vœu fut exaucé. Vous m’accusâtes réception de cette télécandidature, puis, la jugeant acceptable, vous me conseillâtes de prendre directement contact avec l’entreprise par e-mail. Ce que je fis avec empressement, vous me connaissez ! N’obtenant pas de réponse, je me permis de la relancer une fois, deux fois, trois fois… et de guerre lasse, je finis par capituler.
Je veux bien que les vilains chômeurs soient sermonnés, si faute il y a. Mais ne pensez-vous pas que parmi les employeurs, ceux qui n’ont même pas la décence de répondre, le soient aussi ? Je soumets cette question à votre sagacité, madame ANPE.

Aucun commentaire: