mercredi 14 mai 2008

Ma deuxième chance

Vous le savez bien, cher lecteur : lorsque vous avez besoin d’un renseignement, vous avez parfois du mal à l’obtenir… quand vous avez la chance d’y parvenir, bien sûr !
Vous tombez sur une musique d’attente qui vous rend sourd ou fou.
Vous poireautez durant des minutes qui ont un goût d’éternité pendant que votre interlocuteur recherche désespérément une réponse à vous offrir, réponse qui en général ne vous sied guère.
Un répondeur vous enjoint de laisser votre message après le pléonastique bip sonore .
Une voix suave au bout du fil vous demande de rappeler ultérieurement car toutes les lignes sont encombrées.
Vous ne tombez pas sur le bon interlocuteur qui est évidemment en réunion.
La personne qui vous écoute est charmante, attentive et disponible, donc vous êtes en confiance et prenez le temps d’expliquer clairement l’objet de votre appel, mais malheureusement, elle ne peut rien pour vous et sa collègue, qui évidemment est absente, s’occupera de votre cas dès son retour…
Exaspéré, dépité, écœuré, vous restez avec votre question en suspens. C’est alors que la sonnerie du téléphone vient interrompre votre cogitation empreinte de courroux. Pas de numéro qui s’affiche, juste des étoiles. Vous décrochez tout de même, celui qui vous appelle est peut-être sur la liste rouge.
- Bonjour, vous êtes bien madame Tartempion ?
- Oui.
- Madame, j’ai le très grand plaisir de vous apprendre que vous venez de gagner un magnifique cadeau. Vous avez en effet été sélectionnée, vous et votre mari, parmi des couples de plus de 50 ans, pour participer à notre jeu. Vous êtes contente, n’est-ce pas ?
Gloups ! Après un rapide calcul, je suis née en 1966. Si le compte est bon, j’ai donc 42 ans et je ne fais hélas pas partie des heureux élus. Je m’apprête à répliquer à la voix masculine et nasillarde qu’elle commet une erreur mais voilà qu’elle me raccroche au nez ! Même pas le temps de m’expliquer !
Le lendemain matin, rebelote, le téléphone sonne à nouveau, avec ses étoiles. Je suis joueuse, je décroche.
- Bonjour madame, j’ai l’immense plaisir de vous informer que vous venez de gagner un magnifique cadeau, vous et votre époux, car vous êtes un couple de plus de 50 ans.
Cette fois, la voix est posée, enjouée et féminine. Je la tiens, ma revanche ! J’interromps sans vergogne le flot de paroles qu’elle débite et je m’entends lui répondre :
- Sachez, madame, que je suis loin d’avoir atteint cet âge… canonique !
Mon interlocutrice, visiblement contrite, se confond en excuses et bafouille qu’elle a dû se tromper de numéro.
Sa gêne ne m’émeut guère et moi, je suis bien contente : je l’ai eue, ma deuxième chance !

Aucun commentaire: