jeudi 20 mars 2008

Le poids des mots ?

Avant ce matin, je n’avais pas vu son visage défiguré par la maladie, ravagé par la souffrance. J’avais entendu sur les ondes le calvaire de cette femme, atteinte d’une maladie rare et incurable. J’avais entendu les débats autour de l’euthanasie, « la bonne mort » à ce qu’il paraît, la polémique soulevée par la volonté de cette femme à mettre fin à sa souffrance atroce. J’avais entendu beaucoup de voix s’exprimer sur le sujet : discours empreints de morale, de pudeur, d’émotion, de colère, d’impuissance, de peur, de lâcheté.
Les mots, dit-on parfois, ne suffisent pas à décrire la douleur ou l’horreur. Alors ce matin, j’ai enfin osé regarder une image, une photographie de cette femme : ce que j’avais imaginé, ce que j’avais cru comprendre de son martyre était très en-deçà de la réalité. J’ai reçu ce matin son supplice comme une gifle. Son visage s’est imprimé en moi, il me hante, je ne parviens pas à l’estomper, à le rendre plus « acceptable ». La douleur d’une autre a réveillé en moi des peurs enfouies, tapies au creux de mon ventre…

L’image, ce matin, me parlait plus que les mots.

1 commentaire:

Phèdrienne a dit…

Je suis comme toi, Laurence, touchée au coeur par le calvaire de cette femme privée de son identité, de son image; Un absolu de souffrances.
Amitiés
Phèdre