samedi 7 février 2009

Plouf !

Les lignes dansent devant mes yeux fatigués, les mots flottent sur les lignes, telles des notes de musique qui n’oseraient se poser franchement et sautilleraient, comme pour me narguer. Je ne sais plus ce que lis, je ne comprends plus rien. Du reste, y a-t-il quelque chose à comprendre ? Je deviens ironique, ce qui ne présage rien de bon pour la suite des événements.
Je réprime une irrésistible envie de bâiller, que j’attribue hélas davantage à un ennui certain qu’à une quelconque fatigue. Je me résous à poser mon stylo rouge, mon ignoble stylo-couperet, je me lève et descends me verser à boire. Tandis que l’eau salvatrice coule délicieusement dans mon gosier, je jette un œil par la fenêtre et là, un charmant spectacle s’offre soudain à moi.
Au fond du jardin, dans un beau bassin parfaitement naturel – nul besoin d’investir dans une piscine hors de prix – se trémoussent et s’ébrouent joyeusement une bonne dizaine de pigeons ventrus. Cette baignoire improvisée est à leur goût et je les sens vraiment heureux de se vautrer à l’envi dans l’eau croupissante. Certains s’aventurent avec la plus grande prudence, d’autres plongent la tête la première, d’autres encore me donnent l’impression de sécher leurs plumes une à une. Deux pies, l’air mauvais, se posent à proximité de la piscine, échangent des regards complices, scrutent les baigneurs qui les ignorent superbement, puis s’éloignent avec leur crasse, sous l’œil indifférent des pigeons. La baignade de ces volatiles pansus et affables dure encore quelques minutes, durant lesquelles je n’ose bouger de peur de les effrayer. Et tout à coup – Dieu sait ce qui peut traverser la cervelle de ces oiseaux – ils décollent, malhabiles, encore lourds de l’eau mêlée à leur plumage, pour aller se poser dans le jardin d’à côté.
Amusée par ce spectacle bucolique mais bien vite rattrapée par le devoir – je ne sais pourquoi ce terme, avec toutes ses acceptions, me répugne tant ! – à mon tour, je prends mon essor vers le bureau, avec l’espoir cette fois-ci de lire une prose intéressante !

1 commentaire:

Phèdrienne a dit…

Une humeur drôle et buissonnière....pour un professeur, j'adore !

Ps; j'adore aussi le code que je dois rentrer pour poster crotl !