Le souffle du vent m’éloigne de toi,
Il malmène les vieux chênes qui ploient,
Balaie mes souvenirs et mes certitudes,
Fait table rase d’hier et de demain.
Car sous mes pieds incertains
Se déroule un tapis fuyant
Qui jamais ne s’arrête, qui jamais ne jette l’ancre.
Le souffle du vent m’éloigne de nous,
Une bourrasque me projette violemment
Vers un autre chemin, vers un autre horizon.
A quoi bon résister, à quoi bon se cramponner ?
Qu’il est doux de lâcher prise,
De se laisser ballotter par un vent furieux,
De devenir son jouet, sa conquête,
De flotter dans son corps, dans sa tête,
De laisser son âme vagabonde
S’abreuver, au gré de ses envies, à une source féconde.
Le souffle du vent m’éloigne de moi,
Etrange sensation, curieuse impression,
De nager entre deux eaux, de n’être ni d’ici ni d’ailleurs,
Déracinée, désenchaînée, libre comme l’air,
Délivrée du fardeau des ans et des sombres pensées,
Poisson volant, électron libre, cheveux au vent…
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